TERRE RARES ET BATTERIES LE POINT CONCRET !

Les impacts environnementaux (hors carbone)

1. Est-ce que les batteries utilisent beaucoup de terres rares ?

Contrairement à ce que leur nom indique, les « terres rares » ne sont pas si rares sur Terre en quantité. Il s’agit de métaux en fait aussi abondants que le nickel ou le cuivre, mais beaucoup plus dispersés dans la croûte terrestre, d’où leur nom. De par leurs propriétés similaires, elles sont utilisées dans la fabrication de produits de haute technologie. Aujourd’hui, il n’y a pas de terres rares dans la majorité des batteries qui équipent les voitures électriques, et certains moteurs électriques peuvent contenir des terres rares mais des alternatives existent. Cependant, il y a quand même un enjeu de matières premières car les batteries utilisent des métaux à forte criticité, c’est-à-dire dont l’approvisionnement est un enjeu particulièrement important. On peut citer par exemple le cobalt et le lithium, mais aussi des métaux moins critiques aujourd’hui, mais qui pourraient le devenir compte tenu des trajectoires de production exponentielle attendues, comme le nickel, le graphite, ou encore le cuivre. S’il n’y a pas de risque identifié de manque physique de ressources à horizon 2030, la forte croissance de la demande pourrait induire des risques d’approvisionnement et des déséquilibres sur le marché. La tension à prévoir sur les matières premières pour la production de batteries devrait favoriser naturellement l’essor du recyclage comme approvisionnement ou de nouvelles chimies de batteries pour réduire l’utilisation de métaux à forte criticité. 

2. Est-ce que les batteries sont recyclables ?

Le recyclage des matériaux de batterie est crucial pour réduire la pression sur la demande de matériaux vierges et ainsi limiter les impacts associés à leur extraction. Contrairement à une idée reçue courante, les batteries Li-ion sont recyclables, actuellement à hauteur de 50% par pyrométallurgie (en masse), et potentiellement jusqu’à 80-90% avec de nouveaux procédés hydrométallurgiques et mécaniques. Pour autant, recyclable ne veut pas dire recyclé, et actuellement moins de 5% des batteries Li-ion en fin de vie le sont. Pour être récupérées et recyclées, il faut pour cela attendre que les batteries arrivent en fin de vie. Les véhicules électriques émergeant tout juste sur le marché, la filière industrielle de recyclage n'est pas encore mature. Celle-ci devrait se développer à mesure que ces véhicules électriques sortiront du parc en circulation et que la tension sur les matières premières s'accentuera. On estime que 1,2 million de batteries de véhicules légers et lourds arriveront en fin de vie en 2030 dans le monde, 14 millions en 2040 et 50 millions en 2050[1]. Le gisement alors disponible permettra à la filière de réaliser de véritables économies d’échelles et de rendre les matériaux recyclés aussi compétitifs que les matières premières. Un recyclage efficace des batteries de véhicules en fin de vie pourrait réduire la demande annuelle mondiale d’extraction minière combinée de lithium, de cobalt, de nickel et de manganèse de 3 % en 2030 et de 28 % en 2050[2].

En ce sens, le Conseil de l’Union européenne a adopté un nouveau règlement courant 2023, introduisant un objectif de collecte des batteries du transport léger en fin de vie de 51 % d'ici à 2029 et de 61 % d'ici à 2032. Ce règlement fixe également un objectif de valorisation du lithium de ces batteries de 80 % d'ici à 2032[3], ainsi que des seuils d’incorporation de matériaux recyclés, fixés à 16 % pour le cobalt, à 6 % pour le lithium et à 6 % pour le nickel[4].

Mais le recyclage, même s’il était réalisé de manière optimale, ne suffira pas à combler la demande. Toute augmentation de la production en batteries nécessitera une activité d’extraction minière additionnelle, qui cependant devra être limitée pour assurer les justes besoins, avec les meilleurs procédés disponibles. Donc il reste important de freiner la course à l’augmentation des tailles des batteries !

 

Nos coins sorties bientôt ici !

Ici